1. |
La Parade (Jean Genet)
02:58
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Silence, il faut veiller ce soir
Chacun prendre à ses meutes garde,
Et ne s’allonger ni s’asseoir
De la mort la noire cocarde
Piquer son cœur et l'en fleurir
D’un baiser que le sang colore,
Il faut veiller se retenir
Aux cordages clairs de l’aurore.
Enfant charmant haut est la tour
Où d’un pied de neige tu montes.
Dans la ronce de tes atours
Penchant les roses de la honte.
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2. |
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Ah ! les veaux tout d’ mêm’, les vagins,
Les salopiots..., les pauv’s loufoques,
C’est pas euss qui f’ront v’nir l’Époque
Où qu’ les z’Homm’s y s’ront tous frangins,
Où qu’ les Nations s’ pass’ront des langues,
Comm’ des charlott’s en amiquié,
Euss, y r’tourn’nt à l’orang-outangue
De la cocotte au cocotier !
Ça s’rait bath d’en faire un cocu,
D’y soul’ver eun’ de ses bergères,
Mais d’pis longtemps... j’ai mal vécu,
J’ suis pas sûr d’êt’ eun’ bonne affaire ;
(Dam’ !... j’ai fait l’ jacqu’ moi, et par trop,
L’ poireau d’amour pour caus’ de dèche,
La crêm’ de ma rac’ doit êt’ sèche
Comm’ la moëll’ morte du sureau ;
Pis... mal fringué... fauché... sans treffe,
J’os’rai seul’ment pas y causer :
Donc un béguin, c’est comm’ des nèfes,
Quant au lapin... c’est tout posé !)
Enfin ! N’empêch’ que v’là la puïe
Qu’y m’ faut cor’ n’ tortorer qu’ la brume
(Mêm’ que c’est comm’ ça qu’on s’enrhume
Et qu’on s’obtient des pneumonies).
Et n’empêch’ qu’en c’te nuit d’ plaisir
Où trottaille ed’ d’ la bell’ gonzesse
Au fin fond d’ ma putain d’ jeunesse
Y s’ lèv’ comme un troupeau d’ désirs !
Et quels désirs ! Des éperdus,
Des ceuss’ qui font qu’on d’viendrait pègre,
Des douloureux... des ben tendus,
Vrai band’ de loups et d’ gorets maigres.
[Pourtant la lanc’ d’vrait les noyer, Oui, j’ t’en fous, ma viande hurl’ tout’ seule, Mon cœur va me sauter d’ la gueule Mes limandins vont aboyer !]
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3. |
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Take up the White Man’s burden—
Ye dare not stoop to less—
Nor call too loud on Freedom
To cloak your weariness;
By all ye cry or whisper,
By all ye leave or do,
The silent, sullen peoples
Shall weigh your Gods and you.
—Kipling.
Down at the cross where my Saviour died,
Down where for cleansing from sin I cried,
There to my heart was the blood applied,
Singing glory to His name!
—Hymn.
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4. |
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Il reste un peu de nuit dans un angle à croupir.
Étincelle en coups durs dans notre ciel timide
(Les arbres du silence accrochent des soupirs)
Une rose de gloire au sommet de ce vide.
Perfide est le sommeil où la prison m'emporte
Et plus obscurément dans mes couloirs secrets
Éclairant les marins qui font de belles mortes
Ce gars hautain qui passe au fond de ses forêts.
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5. |
Notre dab (Jehan Rictus)
04:53
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Notre dab qu’on dit aux cieux,
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Notre daron qui êt’s si loin
Si aveug’, si sourd et si vieux,
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Que Notre effort soit sanctifié,
Que Notre Règne arrive
À Nous les Pauvr’s d’pis si longtemps,
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Su’ la Terre où nous souffrons
Où l’on nous a crucifiés
Ben pus longtemps que vot’ pauv’ fieu
Qu’a d’jà voulu nous dessaler.
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Que Notre volonté soit faite
Car on vourait le Monde en fête,
D’ la vraie Justice et d’ la Bonté,
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Donnez-nous tous les jours l’ brich’ton régulier
(Autrement nous tâch’rons d’ le prendre) ;
Fait’s qu’un gas qui meurt de misère
Soye pus qu’un cas très singulier.
(C’est y qu’on n’pourrait pas s’entendre !)
Donnez-nous l’poil et la fierté
Et l’estomac de nous défendre,
(Des fois qu’on pourrait pas s’entendre !)
Pardonnez-nous les offenses
Que l’on nous fait et qu’on laiss’ faire
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation
De nous endormir dans la misère
Et délivrez-nous de la douleur
(Ainsi soit-il !)
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6. |
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Un air comme une traîne immense
Un air qui ne finit jamais
Un air d’octobre une romance
Plus douce que le mois de mai
Un air qui toujours recommence
Tes yeux ont le mal d’horizon
Fou qui trouve assez bleu l’azur
A qui le ciel n’est pas prison
Il faut aimer à démesure
Ce n’est pas assez que raison
Bel automne aux mains de velours
C’est la chanson jamais chantée
C’est la chanson de notre amour
C’est la chanson des roses-thé
Dont le cœur est couleur du jour
Est-il assez profond sanglot
Pour dire les déserts physiques
Pareils aux ronds qu’on fait dans l’eau
Les mots valent-ils la musique
Du long désir au cœur enclos
Un air Elsa de la démence
Un air qui ne finit jamais
Un air d’octobre une romance
Plus doux que n’est le mois de mai
Un air comme une traîne immense
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1v2t Paris, France
Après mille déboires, de groupes en bouteilles,
c’est dans le fond du verre que ce
duo a fermenté.
Est née l’envie d’accoucher
de poésies allongées sur son lit de
musique : en somme de la « poésique ».
La recette est simple : Des textes posés sur
l’harmonie du piano qui entre en cadence
avec les peaux de fûts ; le tout arrosé d’une
voix entre spoken words et chanson.
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